Histoire du château : quatre époques

La construction d’un rendez-vous de chasse au XVIIe siècle

Gilles Bry de la Clergerie, avocat au Parlement de Paris, propriétaire de riches fermes en bordure de la forêt de Bellême fait construire un joli rendez-vous de chasse dans la deuxième moitié du XVIIe siècle sur une partie élevée de ses terres, le Tertre. Son plan est classique : deux façades principales à cet édifice Louis XIII, côté cour, côté parc ; une cour d’honneur d’un côté, de l’autre une large surface aplanie pour des parterres. L’accès se fait par la route royale de Paris sur un chemin tracé en ligne droite sur 1km et qui se prolonge en forêt jusqu’au carrefour de la Reine Blanche de Castille ; il forme l’axe principal qui détermine l’orientation de l’édifice, le dessin de la cour, des terrasses et des parterres.

Au premier Empire, un château

Joseph Abrial, ministre de la justice de Napoléon, nouveau propriétaire du Tertre qu’avaient épargné la Révolution et les guerres civiles qui s’en suivirent, prolonge l’édifice par deux ailes latérales, transforme les parties cultivées en un parc orné de statues et de fabriques. Joseph Abrial a créé le Domaine du Tertre, parc et château, avec les revenus des six fermes alentour ; voulait-il aussi sa part de la forêt domaniale de Bellême ? Napoléon la lui refusa, trop soucieux de ses constructions navales.


Allée d’honneur en 1910
Allée d’honneur aujourd’hui

De 1925 à 1958, une « maison d’écrivain »

Roger Martin du Gard en 1925 se fixe au Tertre qu’il vient d’acheter à son beau-père. Il entreprend des travaux considérables : des aménagements intérieurs pour établir sa bibliothèque et son bureau, améliorer l’accueil de quelques amis, moderniser un peu les moyens de la vie quotidienne. La terrasse qu’il fait construire vers le parc permet bien sûr la contemplation du paysage, mais elle est aussi un lieu de conversations, d’échanges, de lectures. La destination du Tertre a changé, ce sera une maison pour écrire l’œuvre littéraire, pour recevoir des artistes et des écrivains. L’occupation des troupes allemandes de 1940 met un terme à cette époque brillante. Lui succèderont de 1945 à1958 des rencontres moins nombreuses d’écrivains au Tertre autour de Roger Martin du Gard qui se consacre à la rédaction de son dernier roman.

De 1958 à nos jours, le Domaine du Tertre classé et ouvert

Après la mort de l’écrivain, sa fille Christiane Martin du Gard invite à son tour poètes et artistes au Tertre, dont le peintre Fernand Dubuis qui y réalisa une grande partie de son œuvre jusqu’en 1990 après le décès de Christiane Martin du Gard en 1973. Depuis cette date jusqu’à nos jours, Anne Véronique de Coppet est avec ses enfants propriétaire du domaine de Roger Martin du Gard, son grand-père. Avec l’aide de l’association des Amis du Tertre, créée en 1996, elle le transforme peu à peu en un lieu classé, visité, utilisé par un large public pour des séjours de création et de formation artistique, de manifestations et de rencontres.